Depuis le 4 avril, des flammes menacent le territoire de l’ancienne centrale ukrainienne. L’incendie provoque une hausse de la radiation et inquiète. L’occasion de revenir sur une autre centrale nucléaire aux portes de l’UE, Ostrovets, en Bielorussie. À seulement 15 kms de Lituanie, sa construction représenterait une menace pour le pays comme pour tout européen.
Ostrovets opérationnelle dès cet automne. Le gouvernement biélorusse l’a annoncé la semaine dernière, « la production des premiers kilowattheures d’énergie électrique commencera en septembre-octobre« . Les travaux de la première centrale nucléaire biélorusse débutés en 2013 prendront fin cet été. Selon le gouvernement, cette nouvelle installation permettra d’aider le pays à respecter les directives de l’accord de Paris.
Mais à quel prix? La centrale d’Ostrovets déjà interroge par la forte présence de la Russie dans le projet: 90 % financé par un crédit russe, la construction réalisée par une société russe et le contrôle par des experts du même pays. Mais surtout, c’est bien les conséquences et la sécurité de l’installation qui inquiètent avec notamment des incidents lors de la construction. Si proche des frontières européennes, à seulement 15 kilomètres de Lituanie, le pays s’oppose totalement à cette centrale. Depuis 2017, une loi interdit au pays d’acheter de l’électricité provenant de la centrale et le gouvernement refuse également à la Biélorussie l’utilisation d’infrastructures lituaniennes pour transporter la production d’Ostrovets.
« Bien sûr, la centrale nucléaire aura un impact énorme sur toute l’Europe »
L’emplacement de la centrale d’Ostrovets n’est qu’à 50 minutes en voiture de la capitale lituanienne, Vilnius. Et seulement, à 15 kms de la frontière. Elle sera aux portes de l’Union Européenne. Aurelija, originaire de Vilnius s’en inquiète et n’en voit « aucun effet positif« . Le parlementaire lituanien, Žygimantas Pavilionis dispose de la même opinion et nous partage ses inquiétudes face aux possibles conséquences sur la population. « Après la catastrophe de Fukushima, l’AIEA a formulé en 2013 des recommandations pour éviter de construire des centrales nucléaires, dans un rayon de 100 km, s’il y a des grandes villes, en raison d’un impact désastreux potentiel sur la population « . Si un problème arrivait à la centrale, Vilnius ne serait pas épargné. Pour se préparer à cette possible hypothèse, des exercices de catastrophe ont déjà eu lieu pour prévenir des risques.
L’autre problème majeur de la localisation du site reste la zone sur laquelle repose l’installation. « L’emplacement de la centrale nucléaire de Biélorussie ne convient pas du tout au projet de centrale, car il se trouve également dans une zone géologique sismique active » alarme, Žygimantas Pavilionis. Le territoire a connu un important tremblement le siècle dernier. S’il se répétait, la Lituanie et l’Europe seraient directement touchées.
Le souvenir de Tchernobyl
« Chaque pays a le droit d’en construire une. Il y a quelque temps, nous avions une centrale nucléaire à Ignalina, qui était assez proche de la Biélorussie« , explique, Lukas, un lituanien de 23 ans. Dans les années 80, le pays disposait de son unique centrale installée par l’union soviétique. Elle exportait sa production vers ses voisins estoniens, lettons et biélorusses. L’établissement permettait de faire d’importantes économies d’énergies pour le pays. Mais dans son processus d’intégration à l’UE, le gouvernement lituanien a du en 2001 travailler sur l’arrêt de sa centrale car elle était équipée du même type de réacteurs que Tchernobyl. Ne pouvant être aux normes, l’arrêt de l’établissement s’effectue entre 2004 et 2009. En parallèle, un nouveau projet de centrale est validé par le gouvernement et doit voir le jour en 2015. Mais, l’accident de Fukushima en 2011 change l’opinion des lituaniens. Le projet est rejeté par référendum.
L’installation d’une centrale aux portes de Vilnius préoccupe les lituaniens. « Vilnius serait dans la plus grande zone affectée et deviendrait un autre Tchernobyl » souligne, Lukas. Un autre citoyen partage son angoisse. « Je crois personnellement que la menace la plus cruciale pourrait être l’explosion de la centrale nucléaire de Bélarus, ce serait un scénario répétitif de la centrale nucléaire de Tchernobyl, toute la région et les États baltes ne pourraient plus être habité pendant des milliers d’années » ajoute Paulius. À 21, ce jeune étudiant de Vilnius semble marqué par l’accident ukrainien de 1986. « La chose qui m’est venu à l’esprit était, la centrale nucléaire de Tchernobyl et sa catastrophe, à cause ça et du fait que la centrale nucléaire d’Ostrovets est vraiment près de la Lituanie, cela me fait peur « .