L’Europe et la France perdent un symbole. Vendredi, Simone Veil est décédée à l’âge de 89 ans. L’un de ses principaux combats reste celui du droit des femmes, avec l’autorisation du recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Sans oublier, son défi pour la reconstruction européenne, remarquable en vue de son passé de rescapée des camps de concentration.
« J’ai perdu une amie, la France a perdu certainement une des femmes des plus remarquables de notre nation » témoigne ému, Robert Badinter. « La haine ne nourrit pas la vie » c’est que lui a transmit Simone Veil. Déportée à l’âge de 16 ans avec sa famille, elle est envoyée au camp de Auschwitz-Birkenau avec sa mère et sa soeur, Madeleine. Son père et son frère partiront pour la Lituanie. Elle ne les reverra plus jamais. En janvier 1945, elle arrive dans les camps de la mort de Bergen-Belsen peu avant la libération d’Auschwitz, sa mère y décédera. Lors de son entrée à l’académie française en 2010, elle fera gravée sur son épée d’Immortelle, son numéro de matricule donné à Auschwitz, ainsi que les devises françaises et européennes. Tout un symbole.
Un combat pour tous
La possibilité à toute femme de pouvoir avorter n’a pas toujours été possible. Simone Veil en a fait son combat, sa loi. Nommée ministre de la Santé par Valery Giscard d’Estaing, il souhaitait la réussite de cette loi. Devant un hémicycle à 95% masculin, cette grande dame a réussi. « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les trois cent mille avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours» explique t-elle dans son discours du 26 novembre 1974. Elle a apporté davantage de droits aux femmes pas sans difficulté. Simone Veil sera directement visé dans des propos antisémites et machistes.
« Une grande militante européenne »
Outre son combat pour les françaises, la grande dame s’est beaucoup investie dans la reconstruction européenne. Il fallait faire l’Europe selon elle. Députée pendant treize ans, Simone Veil porte les couleurs de l’Union pour la démocratie française (UDF) au parlement européen. Le 17 juillet 1979, elle devient la première femme présidente du parlement, au suffrage universel. « Nous avons trois défis majeurs : Celui de la paix, celui de la liberté, celui du bien-être » soulignait-elle. Elle reste trois ans à ce poste. Le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker lui rend un hommage. « Elle avait vécu dans sa chair les déchirements tragiques de l’Europe et avait su, par son engagement politique, contribuer à bâtir une paix durable en Europe ».
Par son passé de rescapée, Simone Veil portera une légitimité vis-à-vis de certains sujets. Elle s’indignera notamment des sorts réservés aux populations durant les conflits en Yougoslavie, les premières victimes de la guerre. Fière du devenu de l’Europe, elle ne cachera pas son enthousiasme vis-à-vis de la paix entre les nations : « Quand je regarde ces soixante dernières années, l’Europe c’est ce que l’on a fait de mieux ». Pourtant, elle restera sceptique quant au manque d’intérêt de nombreux politiques vis-à-vis de la question européenne et de l’assiduité d’élus, encore moins bons élèves que les anglais. « Le contraste avec les députés britanniques pourtant réputés hostiles à l’Europe mais pratiquant à Strasbourg comme à Bruxelles une assiduité sans faille et défendant ainsi mieux que nous leurs intérêts nationaux ».
Européenne de cœur, elle voulait prévenir d’une troisième guerre mondiale et en construisant notamment un futur commun pour les prochaines générations.