République Tchèque – des élections à plusieurs voies

Trois mois après les élections législatives où les citoyens avaient accordé leur confiance au « Trump européen » Andrej Babiš, le pays retrouve la voie des urnes. Demain ainsi que samedi, les tchèques élisent leur président de la république. Le résultat demeure important pour la cohésion est-ouest européenne.

Le pays se séparent entre les partisans européens et les Czechout. ©toideurope

« Compte tenu de la situation, de l’atmosphère en République tchèque et de la montée des partis populistes en Europe, ces élections sont très importantes pour l’avenir« , explique Jiří, jeune tchèque de Brno. Petit rappel. Le 6 décembre dernier Andrej Babiš, milliardaire tchèque devenait premier ministre en remportant les élections législatives. Il a obtenu 78 des 200 sièges. Il a notamment reçu la confiance du président de la république actuel, pour former un gouvernement. Pour autant, avec les scandals financiers qui le suivent, le parlement n’a pas encore accordé sa confiance au nouveau pouvoir. Le vote devait se dérouler hier, il est déplacé à la semaine prochaine. Andrej Babiš a appelé à voter Milos Zeman. Le couple politique Zeman-Babiš garde les mêmes ambitions, à gouverner ensemble un pays divisé.

 

L’espoir électoral

À travers ces élections présidentielles, certains des jeunes électeurs retrouvent une certaine confiance au sein des nouvelles propositions politiques. « Je voudrai un nouveau président démocratique, qui représentera positivement notre pays à travers le monde. Une personne forte et expérimentée, qui résistera face à Andrej Babiš et sera un nouvel espoir démocratique dans notre situation actuelle« , attend Martin, jeune citoyen originaire de Prague. Quant à Kristyna elle reste « ouverte à un néophyte en politique » et à un « président représentatif, qui pourrait être pris au sérieux en tant que représentant de la nation serait incroyable« . La légitimité au delà des frontières du pays, ceci demeure très important pour les citoyens qui sont lassés de voir l’image de leur pays ternie par les actes scandaleux de leur chef d’Etat. En octobre dernier, Milos Zeman s’amuse en pleine conférence de presse à intimider les journalistes en sortant une kalachnikov, accompagnée d’un chargeur, qui n’est autre qu’une bouteille d’alcool.

Face à ce dernier pro-russe et pro-chinois, huit candidats se sont présentés, ils sont plus ou moins novices en politique. Seul Mirek Topolanek dispose d’une carrière politique. Il avait été premier ministre de 2006 à 2009, avec le parti de droite ODS. Pour ces élections, il a déposé sa candidature 48h avant la date butoir, puisqu’il désapprouvait beaucoup des actions du gouvernement au pouvoir. Jiri Drahos, le pro-européen séduit par son charisme et ses actions vers l’union. Pour autant, il perturbe à ne jamais vouloir prendre de réelles positions, les tchèques veulent un président fort. Pavel Fischer apporte une certaine fraicheur. Cet ambassadeur a été diplômé de l’ENA en France et fu un très proche collaborateur, du président Václav Havel. Enfin, Michal Horacek est un homme d’affaire et écrivain. Ces élections continuent pourtant de garder des dubitatifs. « Je veux me tromper, mais après Brexit et Trump, je suis encore plus sceptique. Zeman sera réélu après le deuxième tour en battant Jiří Drahoš« , explique Jiří.

 

Un pays fractionné

Les grands thèmes de la campagne s’articulent comme dans les précédentes élections chez leurs voisins européens. La crise des réfugiés avec le terrorisme, la protection de la souveraineté de l’État, la sortie de l’union européenne et l’acceptation ou non de la monnaie unique (euro).

Les élections démontrent une nouvelle fois la division politique du pays. Il y aurait une partie pro-Milos Zeman et une autre partie qui souhaite du changement ainsi que conserver sa place dans l’union européenne. « Je pense que la République tchèque a une bonne position dans l’Europe d’aujourd’hui, nous avons de très bonnes conditions de vie, une éducation et un système de santé incroyable » ajoute Kristyna.

Les résultats du scrutin du premier tour seront suivis avec attention par le reste de l’union européenne. Ils pourraient apporter de nouvelles fractures entre le pays et ses voisins.

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