Vendredi, 180 des 350 députés espagnols ont voté pour la motion de censure contre le chef du gouvernement, Mariano Rajoy. Il se trouvait au pouvoir depuis six ans. L’ancien chef d’état s’est vu affaiblir par un scandale de corruption, l’affaire Gürtel. Dans la foulée, Pedro Sanchez, président socialiste lui à succéder au gouvernement.
« L’affaire Gürtel », un scandale de corruption
En 2009, le quotidien espagnol El Pais révélait un scandale de corruption impliquant plusieurs responsables politiques du Parti Populaire (PP). Ces hommes ont été reconnus coupables d’avoir attribué, entre 1999 et 2005, des contrats publics contre des faveurs. Elles allaient de cadeaux à des sommes d’argent importantes. « Maintenant l’affaire Gurtel est connue dans d’autres pays mais ce n’est pas le seul cas. Le PP est impliqué dans plus de 60 cas de corruption en Espagne« , explique une jeune madrilène, Sara. L’ex-premier ministre Mariano Rajoy aurait touché entre 1997 et 2008 plus de 25 000 euros par an.
Parmi les coupables figurent Luis Barcenas, ex-trésorier du PP, ou encore Ana Mato, ancienne ministre de la santé de 2011 à 2014. La destitution vendredi de Mariano Rajoy remet en lumière les problèmes de corruptions en Espagne mais va aussi pouvoir peut-être les faire disparaître, selon Lucia, originaire d’Andalousie. « En Espagne malheureusement c’est très normalisé dans la vie quotidienne, mais avec l’arrivée des nouveaux groupes politiques comme Podemos ou Ciudadanos, la corruption va être davantage dénoncée« .
Pedro Sanchez, nouvel homme fort
Le lendemain de la sortie de l’affaire Gürtel, Pedro Sanchez, président du PSOE (parti socialiste espagnol), a déposé une motion de censure contre le chef du gouvernement. Si le PSOE n’est pas majoritaire à l’assemblée, il a rapidement pu compter sur l’appui d’autres forces politiques: Podemos, la Gauche républicaine de Catalogne, le Parti nationaliste basque et d’autres partis régionalistes. Pedro Sanchez a ensuite réussi à négocier avec les autres partis afin d’accéder au poste de chef du gouvernement. Le dialogue s’est notamment réalisé avec les indépendantistes catalans, dossier toujours brûlant dans les affaires du pays.
Le nouvel homme fort de l’Espagne se voit pourtant porter par une majorité divisée. L’assemblée espagnole se compose majoritairement du PP, en nombre de députés. Mais, cette situation pourrait apporter au pays selon Sara. « C’est gouvernable mais les choses ont changé. Je sais que nous sommes habitués à être gouvernés par un parti majoritaire qui fait ce qu’il veut en ignorant les autres groupes. Nous savons maintenant qu’ils devront beaucoup dialoguer pour parvenir à des accords, mais c’est très sain pour notre démocratie ». Quant à Lucia, elle reste réticente face à cette élection: « Je ne pense pas que l’élection de Sánchez est une bonne solution, mais ou mois il a une opportunité d’améliorer quelque chose. Même si à la fin, tous les deux (Mariano Rajoy et Pedro Sanchez) aiment le pouvoir et peuvent faire n’importe quelle chose pour continuer comme président« .
Face aux défis du ralliement, le président du PSOE pourrait décider de convoquer des élections anticipée afin de se construire une majorité socialiste à l’assemblée, sans attendre juin 2020, la fin de la législature.
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