Sans surprise, vendredi soir, le Royaume-Uni a quitté l’Union Européenne. Pour l’occasion, et après de nombreuses péripéties et reports, Toi d’Europe s’intéresse à la relation compliquée entretenue pendant un demi-siècle entre les britanniques et l’Union Européenne.
La création de la CECA, sans l’allié britannique
Lorsque Robert Schuman et Jean Monnet fondent l’idée en 1952 de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), ils font face aux réticences du Royaume-Uni. Pourtant après la seconde guerre mondiale, la France et son allié britannique sont unis dans toutes les organisations internationales, et les réserves en charbon et en acier des anglais en font des partenaires importants. Toutefois, le pays souhaite conserver sa souveraineté et la commission parlementaire britannique en charge de l’étude du CECA est hostile à une adhésion.
Le pays attendra donc 1960, soit 8 ans après la création de la CECA, pour déposer sa première candidature. Celle-ci sera rejetée deux fois par le Général De Gaulle en 1963 et en 1967. Il faudra donc au Royaume-Uni attendre l’arrivée de Pompidou à l’Elysée pour voir sa candidature acceptée.
1973, l’adhésion à la CEE
En 1973, le Royaume-Uni, tout comme l’Irlande et de Danemark, intègrent la Communauté Economique Européenne. Mais l’investissement partiel anglais démontre des tensions persistantes.
En 1984, Margaret Thatcher réussit à négocier un « rabais britannique » permettant à son pays de diminuer sa participation financière au budget européen. Avec sa fameuse phrase « I want my money back » la Première ministre britannique estimait que son pays contribuait trop aux différents budgets, notamment au financement de la Politique Agricole Commune, dont le pays bénéficiait peu en retour.
1992, Ratification du traité de Maastricht, mais sans la monnaie unique
Suite à son adhésion, l’engagement du pays reste donc restreint. Il bénéficie en effet de clauses de « opting-out », qui lui permettent ainsi de ne pas intégrer la zone euro, ni même l’espace Schengen. En 2002, bien que le Royaume-Uni participe à la préparation de la mise en place de l’Euro, le pays rejette son adoption et maintient la Livre sterling.
1997, Gordon Brown veut replacer le Royaume-Uni au centre de l’UE
Après plusieurs années passées dans l’opposition, l’arrivée des travaillistes et de Gordon Brown au pouvoir réchauffent les relations entre Londres et Bruxelles. Le nouveau premier ministre cherche à replacer le Royaume-Uni au centre du jeu politique européen au même niveau que la France et l’Allemagne. C’est sous cette impulsion travailliste que le pays se décide à travailler sur la question de l’euro et ne rejette pas alors l’idée, de pouvoir y adhérer si le projet se concrétise avec succès.
Cette éventualité sera peu à peu écartée, suite à la participation du pays à la guerre en Irak aux côtés de l’armée américaine, et aux rejets par référendum de la constitution européenne par la France et les Pays-Bas.
2016, la fin d’une belle histoire
Face à la percée électorale du UKIP et à la montée dans son propre parti conservateur de l’euroscepticisme, David Cameron (Premier ministre de 2010 à 2016) annonce qu’il organisera un référendum, s’il est réélu en 2015 et si l’UE ne se réforme pas. Après des tensions entre européens et britanniques lors des négociations de la contribution du Royaume-Uni au budget de l’union, le Premier ministre organise un vote en 2016.
Bien qu’il soutienne le remain, le vote est remporté par le « leave », alors représenté par le rival de Davis Cameron, un certain Boris Johnson, aujourd’hui Mr Brexit. Le Premier ministre adressera sa démission suite au résultat.
Il aura ensuite fallu deux premiers ministres, Theresa May et Boris Johnson, deux élections anticipées, une pétition anti-Brexit signée par plus de 5,8millions de citoyens et près de quatre années de négociations. Mais la relation euro-britannique n’est pas terminée. Des négociations vont avoir lieu jusqu’au 31 décembre afin de régler tous les changements liés à cette sortie. Histoire à suivre.