Theresa May, première ministre du Royaume-Uni a appelé plus de 47 millions d’électeurs, à voter le 8 juin 2017. Les élections législatives anticipées devaient permettre à l’actuelle première ministre de sortir des urnes avec une large majorité afin de peser sur les négociations avec l’Union Européenne. Malgré sa victoire aux élections, celle qui avait été choisie à la tête du Royaume-Uni après la victoire du Brexit, un an plus tôt, perd sa majorité absolue au parlement.
De la même manière qu’au lendemain du référendum sur le Brexit, la London Stock Exchange a été l’une des premières à réagir aux résultats avec une nouvelle chute de la livre sterling. Theresa May perd sa majorité conservatrice lors de ces élections anticipées, qui sont marquées par la montée du Parti Travailliste, dirigé par Jeremy Corbyn**, depuis septembre 2015. Pourtant, les résultats ne permettent à aucun des partis d’être totalement satisfait, « Personne n’a eu ce qu’il voulait, même le parti du Labour qui pensent avoir gagné parce qu’ils ont fait plus qu’attendu » explique Rumwold. Les sentiments des électeurs comme ceux des dirigeants restent mitigés.
HARD BREXIT OU SOFT BREXIT
Le Brexit n’a pas vraiment perdu sa place. Il s’est rapidement trouvé au centre des débats entre les grands partis. « Les anglais ont pris cette élection comme la possibilité de revoir la manière dont serait organisé le Brexit » explique Jane, jeune professeur à Londres. Si les votes de l’élection de juin 2016 ne comportait que le « Remain » ou le « Brexit », cette nouvelle élection a vu de nouvelles possibilités incarnées par le « hard Brexit » ou le « soft Brexit ».
Si les deux chefs de partis étaient favorables à un maintien au sein de l’UE l’année passée, Theresa May s’est fait l’avocate d’un « hard Brexit », donnant l’opportunité à ses adversaires de se positionner en faveur d’une sortie plus ouverte et plus abordable. La première ministre souhaite négocier « le meilleur accord pour le Royaume-Uni », à travers notamment un accès au marché unique de l’UE et la fin de la libre circulation des Européens sur l’île. Les conservateurs souhaitent privilégier le sujet de l’immigration et se tourner vers les Etats-Unis, « les tories (ndrl. Conservateurs) souhaitent nous voir tourner le dos à l’Europe pour se concentrer sur les relations avec Washington » livre Tom, habitant de Liverpool.
Le « Soft Brexit », lui, se caractérise par une volonté de maintien de la libre circulation des personnes et d’accès au marché unique. Pour pouvoir mener à bien cette nouvelle relation entre le Royaume-Uni et l’UE, travaillistes et libéraux sont près à verser une contribution financière annuelle en contrepartie. Pour les personnes ayant votés « Remain » en juin 2016, « cette élection va permettre d’avoir une négociation sur le Brexit dirigée par plusieurs partis » et ainsi de minimiser l’impact du Brexit. Mais certains comme Rumwold restent prudent « Je ne suis pas en faveur d’une négociation à plusieurs partis [politiques], car la décision finale reviendra de toute façon au parti conservateur, et ses alliés ».
ALLIANCE AVEC LES CONSERVATEURS D’IRLANDE
Afin de pouvoir retrouver une courte majorité à l’assemblée, Theresa May s’est rapproché du Parti unioniste démocrate nord-irlandais (PUD). Ce parti régionaliste protestant ultra-conservateur offre dix sièges indispensables au gouvernement.
Ce soutien a été vivement critiqué par des sympathisants de gauche qui ont manifesté près de Downing Street scandant « Raciste, sexiste, anti-gay, le PUD doit partir ». Le mouvement irlandais est notamment opposé au mariage des homosexuels et à l’avortement.
Memo ————————————————————————————————————————-
Jeremy Corbyn. Chef du parti travailliste depuis septembre 2015, il est élu député depuis 1983. Ancré à l’aile gauche du parti, il a connu plusieurs troubles et de nombreuses remises en question par les autres cadres du parti depuis son accession à la tête des travaillistes. Il s’était engagé contre le Brexit lors de la campagne l’année dernière.
Theresa May. Chef du gouvernement britannique depuis juillet 2016, elle a pris la suite de David Cameron dont elle était la Secrétaire d’Etat à l’Intérieur. Elle est la deuxième après Margaret Thatcher a occupé cette fonction. Elle avait fait la campagne en faveur du Remain en juin 2016. Récemment, elle se retrouve confrontée à de nouvelles critiques concernant sa gestion de l’incendie de la tour Grenfell à Londres