Au cours des trois dernières semaines, les citoyens européens de la République Tchèque, de l’Autriche et de la Slovénie sont passés devant les urnes. Ils ont choisi d’accorder leur confiance aux extrêmes et particulièrement à l’extrême droite. Les principales revendications restent la politique de Bruxelles et les positions anti-immigration.
L’année 2017 aura été marquée par de nombreuses élections en Europe, où l’extrême droite s’est installée dans le paysage politique. Aux Pays-Bas, le parti eurosceptique et anti-immigration, PVV de Geert Wilders a été battu par le parti libéral. En France, le Front National de Marine Le Pen gagne des sièges au parlement, mais c’est le nouveau parti français du président Emmanuel Macron qui remporte la présidentielle. Pour autant, l’extrême droite fait son entrée au Parlement allemand en septembre dernier, la première fois depuis 1933.
Alertés par les résultats de l’extrême droite chez leurs voisins, plusieurs pays européens sont passés au vote récemment. Trois nouveaux pays se déplaçaient aussi dans l’isoloir ces dernières semaines: la République Tchèque, l’Autriche et la Slovénie.
Des thématiques communes
Dans ces trois pays européens, les thématiques principales des campagnes portaient sur un euro-scepticisme montant et une lutte contre l’immigration. Les pays de l’est sont des pays de passage obligés pour les réfugiés arrivés en Grèce qui souhaitent rejoindre l’Allemagne, la France ou l’Angleterre. Enfin, la question du passage à l’euro est source de conflits et de méfiance en République Tchèque.
Autriche – 15 octobre
Le parti chrétien-démocrate (ÖVP, 31,5% des votes) porté par le jeune Sebastian Kurz, remporte les élections législatives. À 31 ans, le benjamin des responsables européens doit désormais réunir un gouvernement de coalition. Il pourrait s’allier au parti d’extrême droite autrichien, FPÖ (26,9% des votes). Ce choix mettrait fin à dix ans de coalition avec les sociaux-démocrates du chancelier, Christian Kern.
En 2000, de vives tensions étaient apparues entre Viennes et Bruxelles, suite à l’arrivée au gouvernement du FPÖ. Des sanctions avaient même été adoptées. Il y a pourtant de réelles inquiétudes de voir ce parti se placer à la tête de l’Autriche. Ce mouvement avait proposé « de sortir de la convention européenne des droits de l’homme » expliquait le politologue de l’université de Vienne, Laurenz Ennser-Jedenastik.
République Tchèque – 20/21 octobre 2017
Le mouvement populiste (ANO) d’Andrej Babis remporte les élections législatives. Surnommé le « Trump tchèque », cet homme d’affaire millionnaire a su convaincre les électeurs de son pays. Créé en 2011, son parti signifiant « Action des Citoyens Mécontents » a prôné une campagne anti-corruption, anti accueil des réfugiés et anti-zone euro.
Derrière ANO, ils sont trois autres partis à avoir atteint les 10% des votes: ODS (Parti Démocratique Civique, 11,32%), CSP (Parti Pirate, 10,79%) et le SPD (Liberté et Démocratie Directe, 10,64%). Sur les quatre partis arrivés en tête, trois d’entre eux sont ouvertement eurosceptiques. « Les résultats des élections montrent que les gens se sont lassés des partis traditionnels » explique une jeune tchèque. Selon elle, il y aurait plein de paradoxes dans ces élections avec notamment le rejet de l’ancien gouvernement alors que le pays avait retrouvé une stabilité ou encore le parti du SPD qui adopte une politique anti-immigration dirigé par, Tomio Okamura, disposant de la double nationalité tchèque-japonais.
Slovénie – 22 octobre et 12 novembre
La Slovénie est finalement la seule de ces trois membres à avoir tourné le dos à l’extrême droite. Malgré une abstention record, Borut Pahor (Sociaux-démocrates), président de la Slovénie depuis 2012, s’est vu renouveler la confiance des slovènes. Avec près de 53 % il devance son rival Marjan Sarec, maire de la ville de Kamnik. Au premier tour, « le président Instagram » avait récolté plus de 47% des votes.