Nouveau souffle pour le mouvement Rezist

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Nouveau souffle pour le mouvement Rezist

Alors que les regards sont fixés sur les rassemblements espagnols, un autre pays gronde à l’est de l’Europe. Le 5 novembre, de nouvelles manifestations ont eu lieu dans la capitale roumaine réunissant plus de 10 000 personnes, le dimanche 26 novembre ils étaient plus de 30 000. Les citoyens roumains défilaient contre la nouvelle loi du gouvernement, les accusant d’affaiblir les pouvoirs de la lutte anti-corruption. Analyse du mouvement roumain Rezist.

Rezist: Un mouvement contre la corruption

Les rassemblements du 5 novembre reprennent la même direction que ceux de janvier dernier: la lutte contre la corruption. En effet, cette nouvelle loi voulu par le ministre de la justice lui permettrait d’embaucher et congédier les hauts procureurs du pays, un pouvoir réservé au président jusqu’à présent.

Le mouvement cherche à prouver aux citoyens l’importance de chacun dans le processus démocratique et dans la vie du pays. La lutte contre la corruption ne s’arrête pas aux politiques: « C’est un mouvement contre toutes les formes de corruption: dans le milieu juridique, dans l’éducation, la santé …  » explique Andi, membre depuis le premier jour du mouvement Rezist. Ce jeune militant souhaite montrer aux citoyens roumains que leurs attentes doivent être plus élevées, concernant leurs vies quotidiennes et les services offerts notamment par les écoles et les hôpitaux.

Les rassemblements de janvier

Les manifestations du début d’année ont commencé en janvier dernier.  La cause de la protestation demeure la signature d’un décret par le gouvernement roumain . Ce dernier modifie le code pénal et en outre facilite les demandes d’amnistie, notamment en ce qui concerne les abus de pouvoir. Plusieurs centaine de millier de personnes s’étaient alors retrouvées dans les rues de Bucarest pour protester contre la corruption des élites et les décrets votés. Après plusieurs jours de rassemblements, le ministre de la justice Florin Lordache avait été contraint de démissionner au profit d’Ana Birchall.

Un premier succès, mais qui reste timide comme en témoigne un jeune étudiant de Bucarest: « Ils ont abandonné l’ordonnance du gouvernement qui limitait la corruption à 200 000RON [environ 40 000€], donc ceux qui commettent des actions de moindre valeur n’étaient pas inculpés. Mais ils pensent quand même à la remettre en place. »

Le mouvement s’inscrit dans une volonté intergénérationnelle d’évolution de la situation en Roumanie. Alors que beaucoup de manifestations en Europe ont montré une fracture générationnelle, comme en Pologne ou au Royaume-Uni. Le mouvement Rezist mélange les âges. « Il y a un fossé, mais pas entre les générations. Il y a un fossé entre les gens feignants, qui restent dans une zone de confort, et ceux qui veulent changer les choses. Même dans des marches de plus de 15 kilomètres, vous pourrez voir beaucoup de gens de plus de 50 ans » souligne Andi.

Une propagande médiatique

Pour toutes les personnes interrogées, c’est la communication des médias roumains, la plus difficile à contrer. « Il est compliqué dans certaines villes en campagne de faire comprendre que cette corruption peut être vaincue et que les choses peuvent changer. Ce qui est dit à la télévision est pris pour vérité pure même ce qui s’apparente plus à de la propagande », nous déclare Oana, une jeune roumaine.

Pour contrer cette propagande dénoncée par les opposants, le mouvement Rezist a décidé de créer son propre média. Cette télévision se nomme Rezistenta TV . Le support médiatique essaye d’expliquer avec l’aide d’experts en économie, en droit et dans d’autres domaines, les textes du gouvernement ainsi que les termes fiscaux, difficiles à déchiffrer.

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