Avortement : « Je veux que ma fille grandisse dans une Irlande plus sûre »

Demain, les citoyens irlandais sont appelés à voter pour ou contre la légalisation de l’avortement. La remise en cause du 8ème amendement de la constitution divise le pays avec des campagnes pro et anti-IVG . À travers cette proposition, le droit des femmes revient sur le devant de la scène. 

En janvier dernier, le premier ministre irlandais, Leo Varadkar annonçait qu’un référendum sur la libéralisation de l’avortement se déroulerait fin mai. Médecin de formation, ce dernier estimait que cette loi était « trop restrictive« . L’IVG est interdite en Irlande, même pour des cas de viols ou d’incestes. Dans le seul cas où la vie de la mère est en danger, l’intervention devient possible. Sinon illégale, elle peut engendrer 14 ans de prison pour la patiente. Le résultat de ce référendum divise le pays. Ces dernières semaines, de nombreuses manifestations anti et pro avortement se sont déroulées. Les actions se réalisent au porte-à-porte, sur internet ou dans la rue. Les anti-avortement des mouvements « LoveBoth » ou encore « Pro Life »  dénoncent « un avortement à la carte ». Alors que les militants des « Pro choice » souhaitent laisser la femme décider.

Renforcer le droit des femmes

« Je me considère comme pro-vie et je pense que la plupart des gens le sont. Mais je ne pense pas que ce soit le rôle de l’Etat de prendre cette décision (avortement) pour tout le monde. Je crois que les femmes ont le droit de décider pour elles-mêmes, car nous avons tous des vies et des circonstances si différentes », explique Fionán Lynch, jeune de Donegal dans le nord-ouest de l’Irlande. Le référendum met en lumière le droit des femmes en Irlande, le droit de décider d’elle-même. Le pays reste conservateur avec une forte influence de l’église même si les affaires de pédophilie impliquant des prêtres, ont contribué à entacher son image.

Lors de ces périodes difficiles, les femmes se sentent délaissées par leur nation. Certaines ont « honte » ou demeurent simplement perdues.  « J’ai eu une grossesse non planifiée, je connais la peur. Je sais à quel point il est effrayant que votre vie entière passe de l’insouciance au poids du monde mis sur vos épaules. Lors de cette période, mon pays m’a tourné le dos. (…) À six semaines de grossesse, j’ai été forcée de regarder l’écran pour «regarder mon bébé ». (…) En fin de compte, j’avais déjà prévu de voyager dans une autre ville européenne pour l’été, où je pourrais me décider à poursuivre ou non ma grossesse. J’ai décidé que je garderais ma fille. C’était mon choix » témoigne, Sorcha Geraghty de Dublin.  Cette dernière se sent chanceuse d’avoir été bien suivie par un médecin attentif. Grâce à ce professionnel, elle a pu « explorer toutes les options » ce qui n’est pas possible pour toutes ses concitoyennes. « Je veux que les femmes irlandaises aient accès à des soins médicaux sûrs et appropriés. Je ne suis pas pro-avortement, je suis pro-choix », ajoute t-elle.

 « Exporter le problème » 

En 2016, 3 265 irlandaises sont venues en Angleterre pour avorter, selon le planning familial irlandais (IFPA). Alors, même que si la loi n’autorise pas l’avortement jusqu’à présent au sein du pays. Le 8ème amendement de la constitution  » n’empêche pas les avortements, c’est simplement exporter le problème et exclure les femmes dans leurs moments les plus vulnérables de la vie « , estime Fionán Lynch.

Les interruptions de grossesse s’effectuent dans l’illégalité que cela soit à l’étranger ou dans le pays, avec l’administration de produits dangereux. « Les lois actuelles mettent les femmes en danger. Ce n’est pas parce que notre pays a rendu l’avortement illégal que cela ne se produit pas. Au contraire, l’avortement est beaucoup plus dangereux, les femmes utilisent des pilules qu’elles achètent sur Internet, ou elles voyagent dans différents pays et ne reçoivent pas de suivi » explique Sorcha Geraghty. Ainsi, le jeune Fionán Lynch estime que puisque « cela se passe déjà et ne peut être évité, je préférerais que les femmes irlandaises soient traitées dans notre propre système de santé, près de leur foyer et de leur famille au lieu d’être exilées à l’étranger ou forcées d’utiliser des pilules en ligne non réglementées ». 

D’après les dernières estimations, le oui à la libéralisation de l’avortement avec 56% à 58% des suffrages mais il reste encore entre 14% et 17% d’indécis qui pourraient changer le résultat.

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